Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mirent à crier. Simplicie était honteuse et désolée. Coz avançait toujours en souriant ; les enfants reculèrent jusqu’au coin le plus éloigné de la chambre en continuant à appeler leurs bonnes. Deux autres portes s’ouvrirent ; la bonne de Clara et de Marthe entra par l’une pendant que Prudence apparaissait par l’autre. La bonne, voyant cet homme roux, à longs cheveux, à moustaches et à barbiche, crut que c’était un voleur, et appela au secours de toutes la force de ses poumons ; deux domestiques accoururent et, partageant l’erreur de la bonne, se jetèrent sur Coz, qui se débattait en criant :

« Moi Polonais ! moi pas faire mal, moi chercher fiacre ; moi ami de Mme  Bonbeck… Lâchez ! lâchez !… Polonais mauvais en colère ; moi tuer beaucoup de Russes à Ostrolenka ! »

Plus il parlait et plus les domestiques tenaient à s’assurer de ce fou dangereux. Ils l’avaient saisi, le tenaient fortement et s’apprêtaient à l’emmener, quand Prudence, s’élançant à son secours, cria aux domestiques : « Arrêtez, messieurs ; c’est notre ami, notre sauveur ! C’est M. Coz, brave Polonais : il a accompagné Mlle  Simplicie ; il nous a protégés en voyage ; il a jeté par la fenêtre le méchant chien qui nous a mangé notre veau ; il nous a emmenés dans une auberge ; il nous suit partout, il est très bon, je vous assure. »

La bonne, qui comprenait enfin son erreur, dit