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Coz commença une dispute sérieuse avec le cocher ; Prudence s’en mêla pour ne pas abandonner son ami dans le danger ; les gros mots se faisaient déjà entendre ; le cocher jurait comme un templier. Coz fit voir qu’il connaissait très bien ce genre de langage ; Prudence, effrayée, allait de l’un à l’autre, sans avoir l’idée de terminer ce combat de langues en payant au cocher la somme qu’il demandait ; les fenêtres commençaient à se garnir de têtes, lorsque le concierge, jaloux de l’honneur de la maison, parvint à glisser dans l’oreille de Prudence.

« Payez-lui ses trente sous, tout sera fini.

— Tenez, monsieur le cocher, voilà votre argent ; prenez, je vous en prie, prenez, » s’empressa de dire Prudence en lui tendant deux pièces d’argent.

Le cocher, ne se le fit pas dire deux fois ; il prit ses trente sous et s’en alla en grommelant. Le concierge rentra dans sa loge, non sans avoir jeté un regard étonné sur la toilette de Simplicie et de Prudence. Elle montèrent l’escalier ; Coz, faisant l’office de domestique, ouvrit, dit au valet de chambre d’annoncer Simplicie et resta dans l’antichambre avec Prudence.

Simplicie entra donc seule chez Clara et Marthe, qui s’amusaient à faire des fleurs avec leurs amies, Élisabeth, Valentine, Marguerite et Sophie. La toilette éclatante et ridicule de Simplicie causa un étonnement général ; on la regardait sans parler. Sim-