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MADAME BONBECK.

Personne, petite sotte, personne. Vas-tu m’en remontrer à moi qui habite Paris depuis cinquante ans, sans en bouger ?

SIMPLICIE.

Je vous en prie, ma tante, laissez-moi mettre ma robe aujourd’hui seulement, pour aller chez mes amies.

MADAME BONBECK.

Pour te faire insulter comme hier ! Non, non, cent fois non !

SIMPLICIE.

J’irai en voiture, ma tante ; il n’y aura pas de danger puisqu’on ne me verra pas.

MADAME BONBECK.

En voiture, vas-y si tu veux ; sois ridicule, fais-toi moquer dans les salons, si cela te fait plaisir ; mais ne circule pas dans les rues, entends-tu bien ?

SIMPLICIE.

Non, ma tante, je ne marcherai pas, bien sûr.

MADAME BONBECK.

Ha ! ha ! ha ! quelle figure tu as ! C’est à rire, en vérité. Ma sœur a perdu la cervelle pour t’avoir affublée de ces vieux oripeaux.

Simplicie était fort choquée de voir sa tante rire de ce qu’elle croyait si beau et si enviable ; mais elle n’osa pas le témoigner et acheva de s’habiller