Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je crois bien ! Laisser refroidir un si bon potage !

— Nous ne l’en avalerons que mieux, ma fille ; ne te fâche pas et va nous chercher le plat de viande et la salade. »

À la soupe succéda un excellent haricot de mouton, puis la salade, et puis des pruneaux pour dessert. Les Polonais se léchaient les lèvres après avoir avalé tout ce que Mme Bonbeck leur servait. Simplicie, un peu rassurée par la gaieté de sa tante, passa une soirée assez agréable à écouter d’abord les récits bizarres des Polonais, les plaisanteries de Mme Bonbeck, et puis le concert qui termina la soirée. Boginski était réellement bon musicien ; il joua bien du piano et de la flûte, et trouva moyen de marcher d’accord avec Mme Bonbeck, et de couvrir les sons faux, discordants et piaillants qu’elle tirait de son violon. Mme Bonbeck était ravie ; elle adorait les Polonais, surtout Boginski, et eut de la peine à le laisser partir pour se reposer des fatigues de la nuit précédente.

Quand Simplicie eut dit adieu à sa tante et se fut retirée dans sa chambre, qu’elle partageait avec Prudence, elle s’assit sur une chaise et se mit à pleurer amèrement.

PRUDENCE.

Eh bien ! mamzelle, qu’est-ce qui vous prend ? Auriez-vous déjà assez de Paris ?