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cises, comme à l’ordinaire, nous nous mettront à la table ; tant pis pour les absents. »

Coz ne se le fit pas dire deux fois. Le paquet fut bientôt prêt ; il le chargea sur son dos, marcha d’un pas accéléré en allant, courut en revenant, et rentra dans le salon au moment où six heures sonnaient.

« À la bonne heure ! voilà ce qui s’appelle être exact ! C’est bien, ça ! J’aime les gens exacts s’écria Mme Bonbeck en donnant une tape sur le dos fatigué du pauvre Coz. À table, à présent ! Simplette, tu mangeras, tu causeras, et tu riras surtout, sans quoi nous ne serons pas amis.

— Oui, ma tante, répondit tristement Simplicie.

— Petite sotte, tu as toujours l’air de venir d’un enterrement. Ris donc ! je n’aime pas les visages allongés, moi. »

Simplicie fit un effort pour sourire, mais son air terrifié contrastait tellement avec ce sourire forcé, que Mme Bonbeck éclata de rire, et que les Polonais même ne purent s’empêcher de prendre part à sa gaieté. Heureusement pour Simplicie que le rire la gagna aussi, et, quand Croquemitaine apporta le potage, tous riaient à ne pouvoir lui répondre.

« À la bonne heure ! C’est bon ça ! Avec moi, d’abord, il faut qu’on rie. Mangeons, à présent ; Croquemitaine nous regarde avec indignation.