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— Que dit cette lettre ? répondit l’écolier, dont l’audace n’allait pas jusqu’à ouvrir la lettre destinée à son maître.

— M. Gargilier, mon maître, désire placer dans votre estimable maison mon jeune maître, que voici. Saluez, monsieur Innocent, saluez M. le délégué du chef et ses estimables collègues. »

Innocent salua, Simplicie fit un plongeon, le Polonais s’inclina.

« Au nom de mes estimables collègues et de M. le chef de pension, dont je suis le délégué, dit l’élève en retenant avec peine un éclat de rire prêt à lui échapper, je reçois dans mon estimable maison le jeune provincial que voilà, et je vous reçois tous avec lui, car tous vous me paraissez dignes de cet honneur.

— Monsieur est bien honnête ; monsieur est trop honnête ; mais je dois ramener Mlle  Simplicie, que voici, à sa tante, Mme  Bonbeck, et je dois dire à Monsieur que je ne manque jamais à mon devoir.

— Gloire à vous, estimable dame ! Venez, dans un lieu plus digne de vous, attendre la réception définitive de votre honorable maître. »

Et, marchant devant eux, suivi de tous les écoliers chuchotants et enchantés, il se dirigea vers une petite cour isolée. Après avoir fait passer Prudence, Simplicie et le Polonais, il referma la porte au nez d’Innocent ébahi.