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chaise. Vous aimez la musique ? vous jouez de quelque instrument ?

— Moi aimer beaucoup musique ; moi jouer piano et flûte ; moi savoir accorder et raccommoder pianos, flûtes, violons.

— Mon ami ! mon bon ami ! s’écria Mme  Bonbeck en se jetant au cou de Boginski surpris et enchanté. Vous aimez la musique ! c’est admirable ! Nous ferons de la musique ensemble.

— Tout le jour, si plaît à Madame, répondit Boginski ; moi jamais fatigué pour musique.

MADAME BONBECK.

Mon cher ami ! Quel bonheur ! Comme je vous remercie de vouloir bien loger chez moi ! Mais riez donc, vous autres ! Ris donc, Simplette ; ris, nigaud ; ris diable de Coz… Que sais-tu toi, mon pauvre Coz ?

COZRGBRLEWSKI.

Moi sais relier livres, graver musique…

MADAME BONBECK.

Graver musique ! Mais c’est une bénédiction ! Vous allez me graver des sonates écrites à la main, vieilles mais superbes, admirables. Nous les vendrons, nous gagnerons de l’argent ; car je ne suis pas riche, moi, mes chers, mes bons amis, et je ne pourrais pas vous garder longtemps si vous ne gagniez pas quelque argent.