Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lucas.

Pourquoi ne t’éloignais-tu pas de moi ?

Gaspard.

Tu pouvais bien t’éloigner toi-même.

Lucas.

Non, parce que j’avais à déplacer mes rubans, mes outils, ma ficelle, et puis parce que ton travail ne me gênait pas ; c’est toi qui te plaignais. Et que va dire mon père, à présent ?

Gaspard ne répondit pas ; il était inquiet, car il sentait qu’il avait fait une sottise. Lucas ramassa les débris de son panier et rentra à la ferme pour en recommencer un autre. Gaspard reprit sa lecture, mais il ne faisait plus la même attention à son livre.

Lucas n’avait pas dit l’accident arrivé à son panier ; il en avait recommencé un et se dépêchait de l’achever pour qu’on ne s’aperçût pas de l’accès d’humeur de Gaspard. Pendant qu’il travaillait avec ardeur, Guillaume vint se placer devant lui.

Guillaume.

Tu ne me vois donc pas, Lucas ? Je suis venu faire une commission pour ton père.

Lucas.

Tiens, te voilà, toi ? J’étais si actionné à mon panier, que je ne t’ai pas entendu arriver. Quelle commission viens-tu faire ?

Guillaume.

C’est une lettre que j’apporte à ton père. Je ne