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« Tant mieux, se dit Gaspard, je pourrai travailler sans être dérangé. »

Il travailla jusqu’à la nuit, et se coucha avant que les autres fussent revenus.

Le lendemain, le père Thomas reçut la visite du commis principal de M. Féréor.

« Je viens vous voir, père Thomas, de la part de M. Féréor. C’est pour vous demander votre garçon, celui qui a eu tous les prix.

Thomas.

Pourquoi M. Féréor veut-il l’avoir ? Il n’a déjà que trop de monde. Que ferait-il d’un garçon de quatorze ans ?

Le commis.

Ce serait pour achever de l’instruire et en faire un contre-maître.

Thomas.

Je ne veux pas le placer avec tous vos mauvais sujets de la fabrique ; je garde mes enfants pour moi. Ils resteront où le bon Dieu les a fait naître.

Le commis.

Vous avez tort, père Thomas, vous avez tort. Votre fils vous échappera malgré vous. Il a de l’ambition, voyez-vous ; et cette chose-là ne peut pas se retenir.

Thomas.

Nous verrons plus tard, quand il aura l’âge. »

Lucas entra l’air un peu effaré.

Lucas.

Mon père, ce grand monsieur roux, qui parle si