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Gaspard.

Pauvre Lucas ! tu n’as pas eu grand’chose, il est vrai.

Lucas.

J’aime bien mon prix tout de même ; quant aux prix de travail, je sais bien que je n’en mérite aucun.

Gaspard.

Comment veux-tu en avoir ? tu manques sans cesse à l’école.

Lucas.

Ça, c’est vrai : toutes les fois qu’il y a de l’ouvrage pressé à la ferme.

Gaspard.

Tu ne sauras jamais rien, si tu continues.

Lucas.

Bah ! j’en saurai bien assez pour faire marcher la ferme ; et c’est ce qu’il faut à mon père.

— Tu as raison, Lucas, dit le père Thomas ; la ferme te profitera toujours plus que tes livres. Ceux que Gaspard a gagnés sont jolis, je ne dis pas non ; mais ils ne profitent pas autant que cent bottes de trèfle.

Gaspard.

Ils me serviront à récolter deux cents bottes de trèfle, là où vous en avez à peine cent ; et c’est quelque chose.

Plusieurs personnes vinrent faire compliment au père Thomas de toutes les couronnes de Gaspard, et rire un peu du prix unique de Lucas.