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nonça le lever du rideau, qui s’ouvrit lentement, tiré par Gaspard et par un autre garçon nouvellement arrivé, et laissa apercevoir une forêt dans laquelle dormait un voyageur. Un voleur apparut à l’horizon et s’apprêtait à égorger et à dévaliser le voyageur, lorsqu’un jeune homme qui traversait la forêt et qui portait à la main un gros bâton, s’approcha lestement et sans bruit, et asséna sur la tête du voleur un coup de bâton qui le fit tomber sans connaissance. Le voyageur, réveillé au bruit, crut d’abord que deux hommes avaient voulu l’assassiner ; mais le jeune homme lui expliqua l’affaire ; ce dernier exprima sa reconnaissance, voulut donner à son sauveur un rouleau de mille francs en or ; celui-ci, qui a une âme généreuse, refuse ; le voyageur l’emmène, arrive chez lui, garde le jeune homme, qui se trouve heureusement être pauvre et orphelin, lui donne une éducation soignée ; le jeune homme devient un savant, fait fortune, et tout le monde est content.

Des applaudissements et des bravos se firent entendre plus d’une fois ; à la fin, on demanda l’auteur ; le maître d’école parut, amené par six de ses meilleurs élèves ; une couronne descendit lentement sur sa tête ; il salua à droite, à gauche, au milieu, pendant que les applaudissements et les trépignements redoublaient. La couronne remonta au ciel ; le maître d’école salua une dernière fois et sortit, laissant la place aux enfants qui allaient recevoir le prix de leur travail.