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augmenta, et il tomba sur un banc. Sa mère et Lucas coururent à lui.

La mère.

Mon pauvre enfant, dis-moi ce que tu as.

Gaspard ne répondit pas ; il était évanoui.

Le père Thomas commença à s’inquiéter, mais il n’osa pas le faire paraître ; il avait peur que l’évanouissement de Gaspard ne fût causé par la correction du matin, car, en se débattant entre les mains de son père, il avait reçu des coups sur la tête, sur la poitrine, sur l’estomac, partout où le bâton avait pu l’atteindre.

Tout le monde s’empressa autour de Gaspard, qui ne tarda pas à reprendre connaissance.

La mère.

Gaspard, mon garçon, tu souffres ; d’où souffres-tu ?

Gaspard, d’une voix faible.

J’ai faim ; je n’ai rien mangé depuis hier.

La mère.

Mon bon Dieu ! pourquoi n’as-tu pas mangé ? Vite, Lucas, donne-lui une assiettée de soupe ; elle est encore chaude, je crois bien.

Lucas se dépêcha d’apporter la soupe ; Gaspard la mangea avec avidité.

La mère.

Mais dis-moi donc, Gaspard, comment il se fait que tu n’aies pas encore mangé à l’heure qu’il est, trois heures de l’après-midi ?