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Lucas.

Mais, m’sieur, il faut que j’emmène mon frère. Mon père m’a dit de l’amener, et même il m’a dit que si vous le gardiez malgré lui, il porterait plainte à M. l’inspecteur.

Le maître d’école.

Allons, Gaspard, allons, mon pauvre garçon, il faut obéir à ton père ; pars vite avec Lucas.

Gaspard.

Mais, m’sieur…

Le maître d’école.

Il n’y a pas de mais, mon ami ; il faut obéir à ton père, tu sais. Tu es bon garçon, bien studieux, bien intelligent, bien habile. Tu feras ton chemin, je te le promets ; mais plus tard, quand ton père te laissera faire.

Gaspard se leva en soupirant et suivit lentement Lucas, qui trépignait d’impatience à la porte.

Quand ils furent sortis du village, Lucas se mit à courir.

« Viens vite, Gaspard, dépêche-toi. Si tu savais comme mon père est en colère ! Nous attendions le déjeuner qui était en retard ! Il a été voir pourquoi tu ne l’apportais pas, et il n’était pas déjà trop content. Mais quand il a vu que tu n’avais pas aidé maman à battre son beurre et que tu étais parti pour l’école, et que pauvre maman était si fatiguée qu’elle ne pouvait plus tourner la baratte, et que le beurre n’avait pas pris, il a été d’une colère à nous faire tous trembler. Bien sûr, il va te