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avait faites à Mina ; il devint de plus en plus religieux et charitable. Il chercha à réparer le tort qu’il avait fait jadis à quelques ouvriers intelligents que ses rapports trop sévères avaient empêchés d’avancer. Il protégea particulièrement André, qui obtint de M. Féréor le poste de confiance, très avantageux, qu’avait jadis occupé Gaspard. M. Féréor, amélioré par l’exemple et la tendresse de son fils et de sa fille, devint la providence du pays après en avoir été l’oppresseur. Mina obtint sans peine que les ouvriers eussent leur dimanche entièrement libre. Ils n’en travaillèrent que mieux, et reçurent souvent des gratifications qu’ils méritaient et dont ils furent reconnaissants. Tout le pays changea d’aspect ; les cafés se fermèrent faute de pratiques ; l’église devint trop petite pour la population qui s’y pressait. On ne trouvait plus dans la commune un seul individu qui ne fît pas ses Pâques et qui ne sût lire. Gaspard établit, par le conseil de Mina, pour l’usine et le village, une bibliothèque considérable et composée de livres instructifs, intéressants et amusants. Les autres propriétés de Gaspard jouirent des mêmes avantages ; la misère y était inconnue. Gaspard devint aussi un bon fils et un bon frère ; Mina resta toujours la fille et la sœur bien-aimée de la mère Thomas et de Lucas, qu’elle visitait souvent, et qu’elle continua à aider dans les soins du ménage. Celui de Mina s’augmenta de deux garçons ; le premier a quatre ans, le second en a deux ; M. Féréor