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dame ici, et on l’aimera plus encore quand on saura comment madame sait reconnaître les services qu’on lui a rendus. »

André sortit.

Mina mangea peu ; elle était triste ; le soir, elle joua du piano, chanta, écrivit une lettre à Gaspard, pria, pleura, se coucha, pleura encore un peu, et s’endormit pour ne s’éveiller qu’au grand jour, à sept heures du matin.

Elle se leva à la hâte, fit sa toilette et partit avec sa bonne pour entendre la messe. Elle alla ensuite chez le curé, lui parla des pauvres, apprit avec peine qu’il y avait plusieurs familles dans un véritable besoin, se les fit indiquer, et demanda au curé de venir déjeuner avec elle pour l’accompagner lui-même dans ses visites.

Mina.

Il y aura un avantage pour vous comme pour moi, monsieur le curé ; je profiterai de votre compagnie ; et vous, vous gagnerez dans le cœur des pauvres gens, qui sauront que c’est à vous qu’ils devront leur bien-être.

Le curé.

Mais, mademoiselle, je ne sais pas à qui je dois cette gracieuse invitation et où je dois me rendre pour l’accepter ?

Mina.

Au châtelet, chez mon père et chez mon mari qui sont absents. Je ne suis pas demoiselle ; je suis la femme de Gaspard Féréor.