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dres. Mina éclata en sanglots quand il fallut donner le dernier baiser à Gaspard ; elle ne pouvait se décider à le quitter.

Gaspard.

Mina, ma bien-aimée, tu m’as promis du courage ; tu me désoles par ton affliction. Que veux-tu que je devienne loin de toi, te sachant dans le désespoir, comme si nous ne devions jamais nous retrouver ?

Mina.

Gaspard, mon cher Gaspard, je serai très raisonnable, je te le promets ; d’abord, je te laisse aller… (elle détacha ses bras du cou de Gaspard), et puis je mets mon chapeau et je pars. Ma bonne, nous partons ! cria-t-elle.

Gaspard.

Ta bonne est en bas qui t’attend.

Mina serra encore Gaspard dans ses bras et descendit soutenue par lui. Elle embrassa M. Féréor qui descendait aussi ; il la fit monter en voiture après l’avoir laissée donner un dernier baiser à son mari ; la bonne monta après elle, la voiture partit et Mina pleura ; mais sa bonne sut la raisonner, l’encourager, la distraire, et Mina arriva au châtelet sans trop de larmes. Elle fut reçue avec empressement par André et les premiers commis ; elle s’installa avec sa bonne dans la chambre occupée par Gaspard quand il y venait ; elle avait positivement refusé de prendre celle de M. Féréor que lui offrait André. Après