Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’ai été dans ta chambre, j’ai trouvé tes livres, et, pendant que tu étais aux usines avec mon père, j’ai tout fini.

Gaspard.

Tu es donc ma chère petite Providence ? Tu sais tout, tu fais de tout, tu me viens en aide pour tout.

Mina, riant.

C’est pour te faire accepter ton malheur d’avoir été forcé de m’épouser… Ne réponds pas, Gaspard, ne dis rien, je vais chanter.

Et Mina chanta le fameux air : di tanti palpiti, etc. À peine eut-elle fini, que des applaudissements frénétiques et des bis, bis répétés, se firent entendre dans la rue ; Mina courut à la fenêtre, restée ouverte à cause de la chaleur, et vit beaucoup de monde rassemblé dans la cour de l’hôtel. À la vue de Mina, les applaudissements redoublèrent : on distinguait quelques mots : charmante, ravissante. Mina, étonnée et ne pensant nullement que ces mots s’adressassent à elle, cherchait à découvrir ce qui pouvait avoir provoqué cet enthousiasme. Gaspard s’approcha aussi de la fenêtre et reconnut plusieurs jeunes gens de la ville qui le saluèrent. Gaspard rendit le salut et entraîna Mina loin de la fenêtre.

« C’est toi, Mina, qu’ils applaudissent.

— Moi ! Comment ? Pourquoi ?

— Parce que tu chantes comme un ange, parce que tu as la voix d’un ange, la figure d’un ange,