Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Féréor.

Je veux bien dire comme toi, chère enfant ; mais le pauvre Gaspard n’ose pas ; il sait que tu as peur de lui, et…

Mina.

Oh ! plus maintenant, mon père.

M. Féréor.

Depuis quand donc ?

Mina, rougissant.

Depuis…, depuis notre visite chez sa mère.

Elle ajouta très bas à l’oreille de M. Féréor :

« Il m’a embrassée ; donc, il ne me déteste plus. »

M. Féréor se mit à rire bien franchement.

« Qu’a-t-elle dit, mon père ? demanda Gaspard en s’approchant.

— Ne dites pas, mon père, ne dites pas ! s’écria Mina.

Gaspard.

Je le saurai bien ; mon père me dit tous ses secrets.

Mina.

Mais pas les miens. »

M. Féréor sourit, serra la main de Gaspard, et baisa les petites mains qui étaient à sa portée.

M. Féréor.

Je te répète que tu es une petite enchanteresse. Et à présent, ma fille, il faut que tu t’en ailles. Gaspard va faire atteler ta voiture ; tu retourneras chez toi, et Gaspard viendra travailler avec moi.