Gaspard et Lucas aperçurent leur père qui les attendait sur le chemin, et qui paraissait mécontent de leur longue absence.
Lucas courut au-devant de lui.
« Nous voici, mon père : nous avons été un peu lents à venir, parce que nous nous disputions, Gaspard et moi.
Pourquoi vous disputiez-vous au lieu d’avancer ? Vous savez bien que je ramasse mon trèfle, et qu’on n’a pas trop de tout son monde.
Oui, mon père ; j’y vais tout de suite. C’est que Gaspard veut devenir un monsieur, et que je me moquais de lui.
Ah ! tu veux devenir un monsieur ! Tu n’as pas encore l’âge, mon garçon. Va vite au trèfle ; je vais chercher des liens et je vous rejoins. »
Le père rentra dans la cour de la ferme ; Lucas courut au champ de trèfle ; Gaspard marcha plus lentement encore, en répétant :
« Le trèfle, le trèfle. Je me moque pas mal du trèfle. C’est tantôt une chose, tantôt une autre ; on n’a jamais fini dans cette vilaine ferme. C’est éreintant ; c’est ennuyeux !… Et ce nigaud de Lucas qui pousse à ce travail ennuyeux et fatigant ! Il ne comprend rien ; il est bête comme tout.
Ah çà ! tu as donc la paralysie dans les jambes,