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une heure devant lui avant de rentrer pour accompagner M. Féréor aux usines ; Mina ne pouvait être laissée seule dans une ville qui lui était inconnue. Il se décida à rester avec elle pour la ramener à la maison.

Gaspard.

Je resterai près de vous, madame, et je vous ramènerai moi-même. »

Mina le regarda avec étonnement et lui sourit en disant :

« Merci, monsieur. »

Gaspard la fit entrer dans le banc de M. Féréor et se plaça près d’elle. La messe allait commencer. Mina l’écouta tout entière à genoux, et Gaspard vit avec peine qu’elle avait pleuré tout le temps. Quand elle se releva, son visage était gonflé par les larmes qu’elle avait répandues. Elle n’osa lever les yeux sur Gaspard ; elle accepta son bras, et ils reprirent le chemin de l’hôtel Féréor.

« Mina, lui dit Gaspard (Mina tressaillit), vous m’avez attristé par votre trop humble résignation ; vous êtes chez vous en étant chez mon père ; votre présence nous sera toujours agréable. Et, entre nous deux, si quelqu’un a à pardonner, ce n’est pas moi, c’est vous. C’est donc à vous que je demande pardon du fond du cœur de vous avoir témoigné tant de froideur et d’indifférence. À l’avenir, vous n’aurez à vous plaindre ni de mon père ni de moi, et je vous donne pleine autorité