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par un père injuste, brutal, dont lui, Gaspard, devenait ainsi le complice. Cette pensée l’effrayait. Il se reprochait déjà les procédés qu’il avait eus à son égard et il songeait à réformer sa conduite et à réparer ses torts suivant les événements.


Le trajet ne fut pas long.

Le mariage, la messe, la signature de l’acte durèrent à peine trois quarts d’heure. M. Féréor fit monter Mina dans sa voiture avec lui-même et Gaspard. Mina pleurait toujours. Le trajet ne fut pas long. M. Féréor mena Mina dans l’appartement qui lui était destiné ; sa bonne l’y attendait.

M. Féréor.

Vous voici chez vous, ma fille ; j’espère que vous vous y trouverez bien.

Mina.

Merci de votre bonté, mon père ; je suis sûre de m’y trouver bien, puisque je serai près de vous.

En finissant ces mots, Mina fondit en larmes.

M. Féréor.

Pourquoi pleurez-vous, ma fille ? Chacun ici s’efforcera de vous rendre la vie douce et heureuse.

Mina.

Il n’y a pas de bonheur pour moi en ce monde ; l’avenir sera comme le passé. Mais, mon père, accordez-moi une grâce : ne me séparez pas de ma bonne, ma pauvre bonne qui m’a élevée, le seul être qui m’aime et qui me console.

M. Féréor.

Ma pauvre enfant, personne ne vous enlèvera