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il y a un tas d’histoires, et puis des remèdes comme cette huile de millepertuis.

Gaspard.

Je demanderai au maître d’école qu’il me le prête.

Lucas.

Ce sera amusant ! Si tu vas te mettre à lire maintenant en dehors de l’école, je serai seul pour travailler et m’amuser.

Gaspard.

Tu n’as qu’à lire aussi ; tu ne t’ennuieras pas alors.

Lucas.

Si fait, je m’ennuierai, c’est assommant, de lire ; j’aime bien mieux faner ou bêcher le jardin, ou clore les brèches, ou garder les vaches. Et toi, si tu passes ton temps à lire, mon père te frottera les oreilles, tu verras ça.

Gaspard.

Non, parce que mon père sait que je veux devenir savant pour faire mon chemin.

Lucas.

Quel chemin vas-tu faire ?

Gaspard.

Je te l’ai déjà dit, je veux faire comme le petit maigre, M. Féréor, qui était garçon cloutier, et qui a des millions, et des usines partout, et des terres partout, et des châteaux, et qui commande à des milliers d’ouvriers, et qui est heureux comme il n’est pas possible davantage.