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M. Féréor.

Si elle t’ennuie trop, tu la feras partir.

Gaspard.

Nous voici arrivés, nous en recauserons.

Gaspard aida son père à descendre ; à peine leur voiture s’était-elle éloignée, que celle de la mariée arriva ; M. Féréor et Gaspard furent obligés d’attendre M. Frölichein et sa fille. Gaspard salua le père, qui descendit le premier, et présenta la main à la fille pour l’aider à descendre. Elle était enveloppée d’un voile ; il ne vit rien qu’un petit pied bien chaussé et une petite main qu’il sentit trembler dans la sienne ; le père lui donna le bras.


Mina Frolichein.

Lorsqu’il la fit entrer dans la mairie et que Gaspard put la voir, il recula stupéfait. Il avait devant lui la plus jolie et la plus gracieuse figure qu’il fût possible d’imaginer. Taille au-dessus de la moyenne, tournure charmante, élégante et distinguée ; tête ravissante, cheveux abondants, blond cendré, visage ovale, traits fins et réguliers, grands yeux bleus, doux, intelligents, et qui devaient être riants quand ils n’étaient pas, comme à ce moment, rougis par des larmes récentes. La finesse de la peau, la blancheur et la fraîcheur du teint, complétaient la beauté remarquable de Mina ; elle quitta le bras de son père, s’approcha de M. Féréor, s’inclina devant lui et voulut lui baiser la main ; mais la beauté de cette future belle-fille, son air triste et candide, l’humilité de son action, touchèrent M. Fé-