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faire la charité, à aller voir des pauvres, à visiter des églises, et elle ne nous gênera pas.

— Du reste, ajouta le notaire, on ne lui laisse voir personne ; les gens de la maison ne la voient même jamais ; elle vit seule avec une bonne qui l’a élevée ; elle ne sort que pour aller à l’église, chez les pauvres et chez les sœurs de charité. »

L’appartement était prêt et charmant ; le tapissier n’avait rien oublié ; il se composait d’une pièce d’entrée formant antichambre, d’un salon, de deux chambres à coucher avec dégagements, cabinets de toilette avec armoires, etc., et, au bout de l’appartement, une chambre de femme de chambre avec lingerie et escalier de service.

Le jour du mariage, M. Frölichein et sa fille arrivèrent après dîner seulement. Un de leurs témoins vint prévenir M. Féréor et Gaspard qu’ils se rendraient directement à la mairie, ensuite à l’église, et qu’on n’eût pas à s’inquiéter d’eux, qu’on ne se dérangeât pas pour venir les voir, parce que Mlle Mina serait à sa toilette et ne recevrait pas. Cet avertissement ne fut pas perdu pour M. Féréor. Gaspard envoya demander à quelle heure Mademoiselle voulait avoir sa voiture ; qu’on devait être à la mairie à onze heures et demie.

« À l’heure qu’on voudra », fit-elle répondre.

Dans la soirée elle fit demander à M. Féréor s’il voulait bien permettre à sa bonne qui lui servait de femme de chambre, de porter ses effets dans l’appartement qu’elle devait occuper.