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que je veillerai pour toi. Que Dieu te conserve longtemps et en bonne santé ! Que deviendrait mon bonheur si je te perdais ? Cette femme détestable, que je dois prendre pour assurer ta tranquillité, ne sera jamais rien pour moi. Adieu, mon père et mon ami. Repose-toi de tes fatigues. »


Gaspard pria quelque temps encore.

Gaspard pria quelque temps encore, se releva doucement et quitta la chambre sans faire de bruit. Il travailla dans la sienne une grande partie de la nuit pour terminer les comptes de son père, et se coucha accablé de fatigue.

Les jours suivants se passèrent vite ; Gaspard s’efforça de penser le moins possible à son mariage ; M. Frölichein l’avait prévenu qu’il serait prêt, et qu’à moins de contre-ordre il arriverait à la ville de *** un mois après sa lettre ; il demandait à Gaspard de lui faire retenir un petit appartement pour lui, pour sa fille et pour ses deux témoins, mais pour deux jours seulement, parce que ses affaires l’obligeaient à revenir chez lui.

Gaspard fit part de cette lettre à M. Féréor, qui donna l’ordre qu’on retînt dans un hôtel l’appartement demandé. Le contrat de mariage fut prêt au jour voulu ; le notaire le porta lui-même à signer à M. et Mlle Frölichein la veille du mariage. Au retour, M. Féréor et Gaspard le questionnèrent sur la mariée ; il ne put en rien dire, sinon qu’elle passait pour être bonne et très pieuse.

« Tant mieux, dit Gaspard ; elle s’amusera à