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Thomas.

Tu l’aimes donc tout de bon, ce vieux bonhomme ?

Gaspard.

Mon père, ce vieux bonhomme, comme vous l’appelez, est mon bienfaiteur, mon père. Jamais sa bonté ne s’est démentie à mon égard ; jamais il ne m’a fait un reproche, jamais témoigné le moindre mécontentement. Depuis neuf années que je suis sous ses ordres, il m’a toujours bien traité, encouragé ; il m’a payé plus largement qu’il ne l’avait promis, plus généreusement que je ne le méritais. Et enfin, il s’est attaché à moi, il m’a aimé, oui, aimé, et il a voulu devenir mon père. Voyez si je puis ne pas l’aimer aussi et lui être sincèrement dévoué.

Thomas.

Diantre, comme tu en parles avec feu ! Tu ne prendrais pas ma défense avec tant de chaleur. »

Gaspard sourit et voulut répondre. Mais, pendant qu’il hésitait, Lucas entra.

Lucas, se jetant au cou de Gaspard.

Gaspard ! Comment, voilà Gaspard ! Quelle belle journée pour toi que celle d’hier ! Je suis content de te voir et de causer avec toi un peu à l’aise.

Gaspard, après l’avoir embrassé.

Je dîne avec vous. J’ai congé aujourd’hui.

Lucas.

Le premier depuis huit ans ; c’est une grande joie pour nous. Où est donc ma mère ?