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Gaspard.

Je viens vous annoncer une bonne nouvelle, mon père. M. Féréor, toujours bon et indulgent pour moi, désire m’adopter, et je viens vous demander votre consentement.

Thomas.

Très bien ; tu es en âge de faire à ton idée. Il me restera Lucas qui a toujours été un bon fils. Quant à toi, tu n’as jamais été ce que je voulais. Voici ta fortune assurée ; tu auras les millions auxquels tu voulais arriver. Adieu, Gaspard ; tu n’as plus besoin de moi, je n’ai pas besoin de toi ; va-t’en chez ton Féréor, et moi je vais m’arranger pour laisser à Lucas toute ma fortune.

Gaspard.

Faites comme vous voudrez, mon père ; j’abandonne très volontiers à Lucas mes droits sur votre fortune, et je suis enchanté qu’il profite aussi des intentions généreuses de M. Féréor.

Le père Thomas s’adoucit devant ces paroles de Gaspard ; il s’attendait à de la résistance, de la colère, et il ne trouvait que douceur et respect.

Thomas.

Écoute, Gaspard, je ne m’oppose pas à ce que tu te laisses adopter par M. Féréor ; tu le considères comme ton bienfaiteur, sois son fils. Moi, je le regarde comme un voleur qui m’a enlevé le fils que Dieu m’avait donné, et je ne l’aime pas ; et je ne veux le voir que lorsque je ne pourrai faire autrement. Va donc rejoindre ton nouveau père,