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crainte et bien franchement. Entends-tu ? bien franchement.

Gaspard.

Je dirai tout, monsieur.

M. Féréor.

Assieds-toi ; je prévois que nous en aurons pour quelque temps ; mets-toi là, en face de moi, que je te voie bien.

Gaspard s’assit en face de M. Féréor.

Gaspard.

Monsieur, je veux faire une affaire de cet héritage de mon père, mais honnêtement, sans le tromper.

M. Féréor sourit.

Gaspard.

Une affaire pour moi. Si mon père fait les choses par lui-même, il mangera la moitié de son héritage en notaires, avocats, hommes de lois et paperasses. Je veux lui proposer de me charger de tout, de faire tous les frais qui se monteront à une cinquantaine de mille francs, à condition de m’abandonner le reste estimé à deux cent mille francs. Il garderait cent cinquante mille francs que je lui verserais entre les mains sans aucuns frais. Je resterais maître de l’héritage ; si je gagne dessus, comme je l’espère, je vous demanderai de vouloir bien placer mon argent dans vos usines ; il me rapporterait ainsi trente ou quarante mille francs par an ; ce serait le commencement de ma fortune.