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Tout le monde se retourne ; le maître d’école descend de l’estrade, saisit Lucas par l’oreille, lui donne une tape et le pousse sur le quatrième banc. Gaspard s’esquive et va s’asseoir tout honteux pour son frère, à sa place accoutumée.

Lucas, pleurnichant.

Quand je te disais ! Tu vois bien que j’avais raison.

Le maître d’école.

Tais-toi ! On ne parle pas ici. Ton frère est le modèle de la classe. Fais comme lui. Pas un mot… Qu’est-ce que tu sais ?

Lucas, vivement.

Je sais bêcher, pio…

Le maître d’école.

Tais-toi ; ce n’est pas ça que je te demande ! Sais-tu lire, écrire ?

Lucas.

Pour ça non, m’sieur. Dieu m’en garde !

Le maître d’école.

Si tu réponds encore un mot impertinent, je te mets à genoux sur des bûches.

Lucas.

Mais, m’sieur, il faut bien que je réponde, puisque vous me parlez.

Le maître d’école.

Il faut me répondre poliment.

Lucas, entre ses dents.

Je ne sais comment faire ! Quelle scie que cette école !