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Lucas ne laissa pas tomber l’affaire des arbres du père Basile ; il la poursuivit si bien que, huit jours après la découverte de Gaspard, Basile fut obligé de tout arracher et de planter six pieds plus loin.

L’absence de Gaspard fit mieux comprendre à Lucas la nécessité de savoir lire et écrire, et il continua ses leçons à l’école jusqu’à ce qu’il sût lire couramment et écrire sans difficulté.

Un jour, le père Thomas reçut une lettre cachetée en noir ; Lucas était aux champs ; il fallut attendre son retour pour savoir ce qu’elle contenait.


Un jour, le père Thomas reçut une lettre cachetée de noir.

« Lucas, Lucas, cria Thomas du plus loin qu’il l’aperçut, revenant à pas lents comme un garçon harassé de fatigue. Viens vite, Lucas ; il y a une lettre à lire. »

Lucas hâta le pas et eut bientôt rejoint son père.

« Tiens, Lucas, lis vite ; je ne sais ce que c’est ; une lettre encadrée de noir ! »

Lucas ouvrit ; c’était une lettre d’un notaire annonçant la mort d’une vieille cousine qui s’était mariée et avait quitté le pays depuis plus de quarante ans, à laquelle personne ne pensait, mais qui n’avait pas oublié sa famille et son pays, et qui, n’ayant pas d’enfant, léguait toute sa fortune à son cousin Thomas qu’elle avait toujours aimé de préférence aux autres.

La surprise de Thomas fut grande.

« Tiens, cette bonne cousine ! C’est que je me la rappelle très bien à présent ; nous étions tou-