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Chrétien pâlit et balbutia. M. Féréor tira son carnet de sa poche.

« Je viens de faire le relevé des journées d’Urbain ; il y en a trois de moins que ce que tu as payé. Il faut que demain tu sois parti pour ne jamais revenir. »

M. Féréor sortit. Chrétien resta atterré. Il savait que les décisions de son maître étaient sans appel. Il fallait obéir ; le lendemain, Chrétien n’y était plus.

Le lundi suivant, Gaspard, fidèle aux ordres de M. Féréor, se tint à une heure, près du pont, croisa son maître sans avoir l’air de l’avoir attendu, entra dans le bois, gagna le berceau de houx, et s’y installa. M. Féréor ne tarda pas à l’y rejoindre.

M. Féréor.

Eh bien ! Gaspard, as-tu du nouveau ? Sais-tu ce qu’ils disent du renvoi d’Urbain ?

Gaspard.

Je crois bien, monsieur. Il y en a qui sont effrayés…

M. Féréor.

C’est bon ! Tout juste ce que je voulais.

Gaspard.

D’autres sont mécontents et trouvent monsieur trop sévère.

M. Féréor.

Ils en verront bien d’autres, s’ils ne suivent pas mes ordres. Et Soivrier ?