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veut épouser sa sœur. Alors il ne veut pas les mécontenter ni les mettre mal avec monsieur.

M. Féréor.

Ferais-tu comme lui à sa place ?

Gaspard.

Pour cela, non, monsieur. Il n’y a pas de parent, d’ami, de fiancée, qui m’empêcherait de faire mon devoir. C’est un poste de confiance que celui de M. Chrétien ; et il doit s’en rendre digne en faisant passer l’intérêt de monsieur avant tout et par-dessus tout.

M. Féréor.

Tu as de bons sentiments, Gaspard. Tu portes donc intérêt à mes affaires ?

Gaspard.

Moi, monsieur ? Mais les affaires de monsieur sont le plus grand intérêt de ma vie. Et puis, la reconnaissance que je dois à monsieur me rend désireux de me consacrer tout entier aux intérêts de mon bienfaiteur.

M. Féréor.

C’est bien, Gaspard, je n’oublierai pas les services que tu me rends ; trouve-toi tous les jeudis et les lundis à une heure, près du pont d’arrivée ; c’est l’heure du dîner des ouvriers ; quand tu me verras venir, tu passeras par le bois et tu iras m’attendre à mon berceau de houx, dans lequel personne n’a droit d’entrer ; ainsi nous pourrons causer tranquillement, et tu me tiendras au courant de ce qui se passe.