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tenait au courant comme Gaspard ; aussi l’emmenait-il souvent pour lui faire voir sur place les choses dont il voulait charger les contremaîtres.

« Comment se comporte Urbain ? demanda un jour M. Féréor à Gaspard. Est-il bien actionné au travail ?

Gaspard.

Oui, monsieur, il se fera ; il a eu l’autre jour une affaire avec M. Chrétien, le contre-maître. Monsieur la connaît sans doute.

M. Féréor.

Non, Chrétien ne m’a rien dit.

Gaspard.

Comment ! il n’en a pas fait son rapport à monsieur ? Il faut pourtant que monsieur sache tout. Voilà ce que c’est, monsieur. Urbain travaillait aux fils de fer pour clôtures ; le soir, il s’en va à son heure, et, au lieu de passer par la route que nous devons tous prendre, il escalade la barrière et passe au travers du bois. Une fois, deux fois, il recommence. Cela me paraît drôle qu’il ne fasse pas comme les autres, qu’il s’en aille seul de son côté. J’avertis M. Chrétien ; il me dit qu’il le surveillera. Je guette à la lisière du bois, et je vois Urbain qui arrive en regardant de tous côtés ; il tenait comme des baguettes à la main. Je sors du bois ; il s’arrête, laisse tomber dans l’ornière ce qu’il tenait à la main, et continue son chemin.

« Quand il me rejoint, car j’avais pris un sentier