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content de toi. Personne, sans doute, n’est plus exact que toi à la classe et n’a mieux profité des enseignements que j’y ai donnés. Tu en sais beaucoup plus long que les autres, et cependant tu n’es pas aussi satisfait qu’eux. Tu penses trop au but que tu veux atteindre et tu oublies les moyens par lesquels tu y arriveras. Songe bien qu’il ne suffit pas de parvenir à la fortune, il faut avant tout marcher droit son chemin. Sois plus soumis à tes parents, pardonne-leur les torts qu’ils peuvent avoir envers toi, sois respectueux et reconnaissant pour tes supérieurs et tous ceux qui te portent de l’intérêt, montre-toi affectueux et bon camarade avec les enfants de ton âge, souviens-toi surtout que l’amour de Dieu et la charité sont tes premiers devoirs, sans cela, fusses-tu riche comme M. Féréor, tu ne seras pas plus heureux que lui, tu sentiras sans cesse que quelque chose te manque : ton cœur restera sec ; tu n’aimeras personne et personne ne t’aimera. Tu chercheras toujours le véritable bonheur sans le trouver jamais. Tu dois sentir que tout cela est juste ; réfléchis-y bien.

Pendant que Gaspard causait avec le maître d’école et le mécontentait par son manque de reconnaissance et d’affection pour les soins qu’il avait donnés à son éducation, M. Frölichein trottait de toute la vitesse de ses longues jambes pour causer avec le père Thomas et lui enlever son fils.