Page:Segur - Evangile d une grand mere.djvu/403

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec une humble confiance, souvenez-vous de moi quand vous serez dans votre Royaume ! »

Et Jésus lui répondit :

« Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le Paradis. »

Jacques. Le voleur a dû être bien content !

Grand’mère. Oui, il a été heureux de cette promesse qui nous montre qu’il n’est jamais trop tard pour se repentir et que les plus grands scélérats peuvent être pardonnés, si leur repentir est proportionné à leurs crimes et si leur foi est grande et leur amour ardent.

Henri. C’est très-commode cela, Grand’mère ! On peut être toute sa vie un méchant homme ; pourvu qu’on se repente au dernier moment, on est sauvé.

Grand’mère. Non, ce n’est pas comme tu le dis. D’abord il n’y a aucun agrément à être méchant, avare, égoïste, gourmand, paresseux, menteur, colère, etc., parce qu’on est méprisé, détesté de tout le monde, et tourmenté par la crainte de l’enfer. Ensuite, parce que les gens qui vivent ainsi, offensant Dieu, et voulant l’offenser, finissent par perdre toute foi, tout sentiment religieux, ne se repentent guère à la fin de leur vie, et ne croient jamais être assez près de la mort pour se repentir. Enfin, parce qu’il arrive souvent qu’on meurt subitement sans avoir le temps de se repentir et de demander pardon au bon Dieu ; de plus, le repentir forcé de la fin est bien douteux ; il ne faut pas s’y fier et le confondre avec le vrai et profond repentir du bon Larron.