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pour nous, et nous faisons pour lui ce que font ces Juifs que nous traitons de barbares et de scélérats.

Madeleine. Oh ! Grand’mère, aucun chrétien ne torturerait le pauvre Jésus, comme l’ont fait ces misérables Juifs !

Grand’mère. Chère petite, chaque fois que nous péchons, c’est un soufflet, une injure que nous prodiguons à Notre-Seigneur ; chacun de nos péchés a été racheté par les coups, les blessures, les tortures, le sang répandu, le crucifiement et la mort de Notre-Seigneur ; ainsi chaque fois que nous péchons, nous sommes les complices de sa Passion.

Madeleine. Mais c’est affreux à penser, Grand’mère ! Nous sommes donc des monstres comme les Juifs.

Grand’mère. Nous sommes des monstres comme eux, si nous péchons mortellement ; mais nous ne sommes que de faibles et pauvres créatures, si nous péchons par entraînement, sans réflexion, sans volonté d’offenser notre bon Sauveur et avec le grand regret de l’avoir offensé. Plus ou moins, cependant, nous participons tous à sa Passion et chacun de nous y a ajouté son offense, son soufflet, son crachat. Nous avons donc bien raison de pleurer sur les souffrances que nous avons causées à Notre-Seigneur et sur nos péchés qu’il a voulu expier par sa Passion et par sa mort.

À cette douce et adorable parole :

« Mon Père pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font, » le cœur de Dismas, ce voleur crucifié à la droite de Jésus, fut touché d’un sincère et subit repentir. À tant d’amour, de miséricorde, il reconnut son Dieu ; et tournant vers Jésus ses yeux baignés de larmes : « Seigneur, lui dit-il,