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Grand’mère. Rédemption veut dire rachat, payement. Jésus-Christ, par toutes les larmes et par toutes les souffrances qu’il allait endurer, rachetait les hommes, payait, expiait pour eux. Et c’est pourquoi il abandonnait à son Père sa puissance divine et consentait à conserver toute la faiblesse de l’humanité.

Alors, tombant dans une véritable agonie, le corps baigné d’une sueur de sang qui coulait jusqu’à terre, il priait plus ardemment encore pour le salut des hommes.

Petit-Louis. Pauvre Jésus ! Une sueur de sang ! Comme il devait souffrir !

Grand’mère. Hélas ! oui, cher enfant ! Il souffrait plus qu’aucune créature n’a jamais souffert ; aucun homme n’a eu de sueur de sang, parce qu’aucun homme n’aurait pu supporter les souffrances affreuses qu’a endurées Notre-Seigneur pour racheter nos péchés. Et ce que Jésus-Christ a souffert dans son âme, dans son cœur, il l’a aussi souffert dans son corps, dans sa chair.

Après une heure de cette lutte, de ce combat de l’âme et du corps, Jésus-Christ tout sanglant et d’une pâleur livide…

Armand. Qu’est-ce que c’est, livide ?

Grand’mère. Livide veut dire sans couleur, comme un mort.

Notre-Seigneur se releva et s’approcha des trois Apôtres. Ils s’étaient endormis, accablés de fatigue et de tristesse.

Marie-Thérèse. Pourquoi de tristesse ?

Grand’mère. Parce que leur divin Maître leur avait annoncé ses souffrances et sa mort, et qu’il venait de leur dire : « L’heure est venue. »