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Là, Jésus se prosterna la face contre terre, et tomba dans des défaillances, dans des douleurs inexprimables.

Henri. Pourquoi donc ? Quelles douleurs éprouvait-il ?

Grand’mère, Les plus cruelles douleurs de l’âme, car tous les péchés des hommes, toute l’horreur et la multitude de ces péchés, fondirent sur lui comme une tempête, lui que l’amour de son Père et des hommes remplissait de toute éternité, il se vit condamné à prendre sur lui et à expier toutes les offenses des hommes envers son Père, tous Leurs blasphèmes, leurs impuretés, Leurs haines, leur ingratitude. Satan s’approcha de lui et se plut à étaler à son esprit ce qui devait l’accabler, le torturer davantage ; il se fit une joie barbare de lui présenter toutes les âmes qui ne devaient pas profiler de son sacrifice, et qui, repoussant son amour et ses grâces, devaient rester la proie du démon.

Le Sauveur, dans son accablement, cria vers son Père :

« Mon Père, si cela est possible, que ce calice de souffrance s’éloigne de moi. Cependant, que votre volonté s’accomplisse, et non la mienne. »

Élisabeth. Mais pourquoi, puisqu’il souffrait tant, n’usait-il pas de son pouvoir pour ne plus souffrir ?

Grand’mère. Parce qu’il n’y aurait plus eu d’expiation solennelle de nos crimes ; parce que notre Sauveur ne nous aurait pas donné le plus grand témoignage de son amour infini, le sacrifice de la vie. Jésus souffrit et mourut uniquement parée qu’il le voulut ; et il le voulut pour nous pénétrer d’une plus grande horreur du péché et d’un amour plus reconnaissant envers lui, auteur de notre rédemption.

Petit-Louis. Qu’est-ce que c’est, Rédemption ?