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Élisabeth. Et puisqu’ils venaient de communier ?

Grand’mère. C’est vrai ! Ils auraient certainement dû être très-fermes dans leur foi ; mais c’était une grande épreuve que de voir ce même Jésus si puissant jadis, devenu si faible en apparence contre ses ennemis, abandonné de Dieu son Père ; succombant à ses souffrances et mourant comme le dernier des hommes, lui qui s’était tant de fois proclamé le Seigneur Dieu tout-puissant. Et puis les Apôtres n’avaient pas encore reçu le Saint-Esprit ; cette source de force et de foi ne leur avait pas encore été donnée.

Notre-Seigneur prit donc avec lui ses trois disciples de prédilection : Pierre, qui représentait la foi ; Jean, le disciple de l’amour ; et Jacques, le disciple de la prière.

Et quand Jésus entra dans la grotte pour prier, la Passion commença.

Louis. Qu’est-ce que c’est, la Passion ?

Grand’mère. On appelle Passion les souffrances terribles que Notre-Seigneur endura pendant les dix-huit heures qui précédèrent sa mort.

Le Christ, abandonnant volontairement à son Père son corps et toute sa nature humaine, pour expier par la souffrance les péchés des hommes, commença à éprouver toutes les terreurs, toutes les angoisses de la Passion et de la mort qu’il devait subir pour nous sauver.

« Mon âme est triste jusqu’à la mort, dit-il à ses trois Apôtres. Attendez ici et veillez avec moi. »

Et tout accablé de tristesse et d’ennui, il monta à quelque distance, et entra dans une grotte que l’on voit et que l’on vénère encore sous le nom de Grotte de l’agonie.