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d’envoyer Lazare dans la maison où j’ai cinq frères, afin qu’il leur dise ces choses et qu’ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de tourment. »

« Et Abraham répondit : « Ils ont Moïse et les Prophètes ; qu’ils les écoutent. »

« Le riche reprit : « Non, mon Père ; mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils feront pénitence. »

« Mais Abraham lui dit : « S’ils n’écoutent pas Moïse et les Prophètes, quelqu’un des morts ressusciterait qu’ils ne le croiraient pas non plus. »

Madeleine. Cette parabole est terrible, Grand’mère.

Grand’mère. Oui, chère enfant, terrible pour les riches qui emploient mal leurs richesses, comme il y en a malheureusement tant. Remarquez bien que Notre-Seigneur ne dit pas que le riche fût méchant, injuste, colère, etc., mais seulement qu’il était vêtu de vêtements magnifiques, qu’il faisait des repas splendides, qu’il vivait dans la mollesse et les plaisirs. Il n’insultait pas Lazare, il ne le chassait pas ; seulement il n’y pensait pas, il ne le secourait pas. C’est pour cette vie opulente, indolente et inutile, c’est pour cette indifférence de la misère de Lazare, que le mauvais riche a été précipité en enfer.

Et que de riches ne voit-on pas, qui vivent dans l’opulence et qui ne donnent pas même le quart de leur superflu aux pauvres et aux bonnes œuvres ; qui n’ont jamais d’argent quand on leur en demande pour une bonne œuvre, et qui, après vous avoir refusé une pièce d’or, ou même d’argent, vont en dépenser dix et vingt pour un vêtement, un meuble, une fête, une partie de cartes ou de plaisir !