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Grand’mère. Cela veut dire, que si on veut devenir un bon chrétien et aller en Paradis après sa mort, il faut renoncer à soi, c’est-à-dire à tous ses défauts, à tous ses mauvais penchants, et prendre sa croix, c’est-à-dire, porter sans murmurer les peines, les souffrances qu’envoie le bon Dieu, s’imposer des privations…

Valentine. Mais quelles privations ?

Grand’mère. Les privations de ce qui nous plaît : ainsi, les paresseux tâcheront d’être actifs ; les gourmands se priveront de quelques friandises ; les colères s’efforceront d’être patients et doux ; les jaloux feront valoir ceux qui excitent leur jalousie ; les vaniteux chercheront à être simples et à ne pas briller ; les entêtés soumettront leur volonté à celle de leurs supérieurs ; les menteurs observeront de ne jamais exagérer ni altérer la vérité. Voilà les privations du renoncement à soi-même. Et alors, quand on s’est renoncé de cette manière, on suit tout naturellement Notre-Seigneur qui vous mène au Ciel.

Il dit aussi aux disciples :

« Celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi, la trouvera. Car à quoi sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il perd sa vie ? »

Henri. Comment : il ne faut pas chercher à sauver sa vie si elle est en danger ?

Grand’mère. On peut et on doit chercher à sauver sa vie quand ce n’est pas pour commettre un mal, comme le serait de renier Dieu. Notre-Seigneur veut parler des gens qui aiment mieux perdre la vie que de renoncer à Dieu en faisant quelque chose de mal ; alors, celui qui aura mieux aimé