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Armand. Qu’est-ce que c’est, succéder ?

Grand’mère. C’est venir après, remplacer. C’était donc Hérode II, fils d’Hérode Ier, qui régnait en Judée. Il entendait beaucoup parler de Jésus et de ses miracles. Quelque temps auparavant, Hérode avait fait saisir saint Jean-Baptiste ; il le fit enchaîner et jeter en prison.

Jacques. C’est abominable ! Pourquoi cela ?

Grand’mère. Parce que Hérodiade, la belle-sœur d’Hérode, détestait saint Jean-Baptiste qui rappelait au Roi, devant le peuple, que la loi lui défendait d’épouser sa belle-sœur pendant que Philippe, époux d’Hérodiade, vivait encore. Hérodiade, qui était ambitieuse…

Armand. Qu’est-ce que c’est, ambitieuse ?

Grand’mère. C’est aimer les honneurs, la puissance, la richesse ; c’est vouloir toujours être plus qu’on n’est. Hérodiade voulait être Reine, et saint Jean l’en empêchait ; elle chercha à faire mourir Jean, mais n’ayant pu y faire consentir Hérode, elle obtint du moins qu’il le fît mettre en prison.

Un jour, c’était la fête d’Hérode, le jour de sa naissance ; il donnait un grand festin aux grands de sa cour, aux premiers officiers de ses troupes et aux principaux de la Galilée. La fille d’Hérodiade y étant venue, dansa ; et il paraît qu’elle dansait très-bien, car elle plut tellement à Hérode et à tous les gens du festin, que le Roi l’appela et lui dit : « Demande-moi ce que tu voudras, je te le donnerai. Oui, je jure de te donner tout ce que tu demanderas, fût-ce la moitié de mon royaume. » La fille d’Hérodiade sortit pour réfléchir à ce qu’elle pourrait demander ; elle alla consulter sa mère. Hérodiade lui répondit : « Demande la tête de Jean-Baptiste dans un plat. »