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mander au bon Jésus de rester plus longtemps, ils lui demandent de s’en aller !

Grand’mère. Ils font ce que font tous les hommes qui ne sont pas réellement bons chrétiens et qui ne pensent qu’aux biens de ce monde. Ils n’ont pensé qu’à la perte de leurs pourceaux, sans comprendre que la présence de Notre-Seigneur leur était bien plus utile et profitable que ne pouvaient l’être leurs troupeaux.

Louis. Mais les autres hommes ne sont pas comme ceux-là ! Ils ne chassent pas Notre-Seigneur.

Grand’mère. Ils le chassent de leur cœur et ils préfèrent leurs pourceaux, c’est-à-dire leurs vices, leur gourmandise, leur colère, leur paresse, leur avarice, leur orgueil, à la présence de Notre-Seigneur en eux, c’est-à-dire à une vie de vertu, de douceur, de patience, de charité, d’humilité, de mortification.

Henriette. Grand’mère, me gronderez-vous si je vous dis ce que je pense ?

Grand’mère. Tu sais, chère enfant, que je ne gronde jamais que pour des méchancetés, et ta pensée, quand même elle serait mauvaise, ne serait pas une méchanceté ; ainsi tu peux dire hardiment ce que tu penses.

Henriette. Eh bien ! Grand’mère, je pense que les pauvres Géraséniens avaient besoin de leurs cochons ; et qu’à leur place je n’aurais pas été contente du tout de les avoir perdus ; et je pense encore que ce n’est pas du tout agréable de vivre comme vous le dites, de se mortifier, de toujours obéir, d’être douce, humble, et de ne jamais s’amuser.

Grand’mère. Je te répondrai, ma chère petite, que si les Gé-