Henriette. Je trouve que le bon Dieu est beaucoup trop bon pour cet abominable homme. Ce n’est pas son repentir qui pouvait faire revivre le pauvre Naboth, tous les prophètes qu’il a fait mourir, et tant d’autres encore.
Grand’mère. Tu ne dirais pas cela, chère petite, si c’était toi qui étais Achab ; tu serais bien heureuse que Dieu daignât accepter ton repentir et te pardonnât tous les crimes que tu détesterais et qui te feraient verser des larmes amères. Et voilà ce qui rend la bonté de Dieu si admirable ; c’est qu’un instant de vrai repentir suffit pour faire pardonner toute une vie de crimes ; tant qu’on vit, on peut être sauvé.
Henriette. C’est vrai, Grand’mère, mais pourtant cela fait mal de penser que ce pauvre Naboth et tant d’autres ne seront pas vengés de leur assassin.
Grand’mère. Chère petite, il est plus que probable qu’Achab aura cruellement expié ses crimes, et même ses moindres fautes dans les souffrances terribles du purgatoire ; seulement, grâce à son repentir, il aura pu être admis dans le paradis après la punition.
Henriette. À la bonne heure, pourvu qu’il ait été puni autant qu’il le méritait.