Jeanne. Voilà Ève qui fait comme Adam ; au lieu de demander pardon, elle accuse le serpent.
Grand’mère. Oui, Ève, de même qu’Adam, rend sa faute bien plus grave et la punition plus sévère. Dieu ne la lui reprocha pourtant pas plus qu’à Adam ; il appela le serpent et lui dit :
« Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les êtres vivants ; tu ramperas sur le ventre et tu mangeras la terre tous les jours de ta vie. »
Marie-Thérèse. Mais ce n’était pas une punition pour le serpent de ramper, puisqu’il rampait déjà avant.
Grand’mère. Non, le serpent n’était pas alors ce qu’il était avant le péché de l’homme ; c’était un des plus beaux animaux de la création ; il avait des pattes et des ailes, un regard superbe ; il était semblable au dragon qui n’existe plus, mais qu’on représente souvent dans des tableaux ou des sculptures. Du plus beau des dragons, il est devenu le plus dégoûtant, le plus dangereux et le plus repoussant des reptiles ; tout le monde déteste et craint les serpents.
Dieu dit encore au serpent : « Je mettrai une inimitié entre la race de la femme et la tienne. Elle t’écrasera la tête, et tu tâcheras de la mordre au talon. »
Armand. Je ne comprends pas bien, Grand’mère. Dieu pouvait tuer le serpent et l’empêcher de mordre Ève.
Grand’mère. Cher enfant, ce que Dieu dit au serpent est au figuré, c’est-à-dire que c’est une manière d’annoncer à Adam et à Ève que, tout en les punissant de leur faute, il leur promettait que la punition ne serait pas éternelle, que leur péché serait racheté par son divin Fils, qui se ferait homme en naissant de la femme ; qu’il expierait par ses souffrances la faute de la première femme, mère de tous les hommes, et qu’il donnerait ainsi aux hommes une seconde mère, qui serait la Vierge Marie.
Henriette. Mais, Grand’mère, le bon Dieu ne dit pas tout cela.
Grand’mère. Il ne le dit pas comme je vous le dis, mais il