Grand’mère. Il faut l’excuser, à cause de la peur que lui inspirait son père.
Saül ne répondit pas, mais il envoya savoir où était David ; on lui rapporta qu’il était chez Samuel. Le roi envoya des gardes pour le saisir et le lui ramener. Les gardes rencontrèrent Samuel avec une troupe de prophètes qui prophétisaient. Eux-mêmes furent saisis de l’esprit de Dieu ; ils se mirent à prophétiser avec les prophètes, et ils ne pensèrent plus à l’ordre donné par Saül.
Henriette. Comment ! des soldats qui deviennent prophètes ? Et quels soldats encore !
Grand’mère. Ils ne devenaient pas prophètes comme Samuel et Moïse, c’était plutôt une espèce de folie momentanée ; ils étaient sous la puissance de l’esprit de Dieu ; ils n’étaient plus maîtres de leurs paroles et de leurs actions. Dieu les forçait à parler comme il le voulait.
Le roi, ayant été averti de ce singulier événement, envoya une seconde troupe de gardes, qui se mirent à prophétiser avec les premiers. Une troisième troupe en fit autant. Saül, ne se possédant plus de colère, partit lui-même pour Ramatha, mais il fut saisi comme ses gardes de l’esprit du Seigneur, et il ne put pas suivre son détestable projet. Il arriva ainsi devant Samuel, il ôta tous ses vêtements, et resta ainsi tout nu par terre, tout le jour et toute la nuit.
Armand. C’est drôle, cela ! Il était donc fou ?
Grand’mère. C’était, en effet, une espèce de folie que Dieu lui envoyait, comme à ses gardes, pour lui faire sentir son impuissance. Il voulait uniquement donner à David le temps de se sauver.