Grand’mère. Non, mon enfant ; il y a une colère qui est sainte et légitime ; c’est l’indignation des bons contre les méchants.
Remarque que, malgré toutes les injustices, toutes les ingratitudes dont Moïse avait souffert, sa douceur a toujours été la même. Jamais il ne s’est fâché pour une injure personnelle ; mais il ne peut supporter l’outrage incroyable fait à son Dieu, qu’il aime, qu’il adore : aussi, après avoir brisé les tables de la loi, il saisit le veau, le jeta à terre, le brisa en morceaux ; puis, ayant fait allumer un grand feu, il y jeta les débris de l’idole, et les fit brûler jusqu’à ce qu’ils fussent réduits en poudre ; puis il mit cette poudre dans l’eau et la fit boire aux Israélites.
Paul. Pourquoi cela ? pourquoi leur faire avaler cette poudre d’or ?
Grand’mère. Pour qu’il ne restât aucun vestige de ce prétendu dieu, et pour mieux démontrer son impuissance.
Ensuite Moïse appela Aaron et lui reprocha vivement sa faiblesse. Aaron voulut s’excuser sur la peur qu’il avait de ce peuple méchant, qui, dans sa colère, aurait pu le tuer ; mais Moïse n’accepta pas cette excuse et continua à le faire rougir de sa lâcheté.
Moïse se retira alors au bout du camp, et il dit : « Que ceux qui sont restés fidèles au Seigneur se joignent à moi. » Les enfants de la tribu de Lévi, qui étaient restés fidèles et qui n’avaient pas voulu adorer le veau d’or, s’assemblèrent autour de lui.
Moïse leur dit : « Voici ce qu’ordonne le Seigneur. Que chaque homme prenne son épée. Qu’il traverse le camp d’un bout à l’autre et qu’il tue tout ce qu’il trouvera sur son passage, quand même ce serait un père, un frère, un ami. »
Les enfants de Lévi firent ce que Moïse leur avait commandé, et ils tuèrent en ce jour-là environ vingt-trois mille hommes.
Henri. Comment ! Vingt-trois mille hommes ! Quel horrible massacre !
Grand’mère. Il n’était que juste ; ce n’étaient pas vingt-trois mille, mais peut-être quatre ou cinq cent mille hommes qui avaient