Grand’mère. C’était une espèce de pain, comme on n’en fait pas sur la terre ; il tombait du ciel. La manne avait la propriété de prendre le goût que désirait celui qui la mangeait.
Armand. C’était très-commode ; on pouvait donc manger du pain, de la viande, tout ce qu’on aimait ?
Grand’mère. Oui, le bon Dieu permit que cela fût ainsi, pour empêcher les Israélites de regretter les repas qu’ils faisaient en Égypte.
Marie-Thérèse. Et combien de temps cette manne continua-t-elle à tomber ?
Grand’mère. Pendant quarante ans.
Paul. Comment ! leur voyage dura quarante ans ? Cette terre promise était donc bien loin ?
Grand’mère. Non ; s’ils y étaient allés tout droit, ils y seraient arrivés en quinze jours tout au plus. Mais Dieu punit leurs révoltes continuelles en les condamnant à demeurer voyageurs et errants dans le désert en face de cette terre promise où leurs enfants seuls reçurent la permission d’entrer. Aucun des hommes qui avaient été délivrés de l’esclavage des Égyptiens ne mérita d’y arriver ; tous moururent dans le désert, comme vous le verrez plus tard.
Jeanne. Mais qui donc arriva à la terre promise, puisqu’ils moururent tous ?
Grand’mère. Leurs enfants et leurs petits-enfants ; ceux qui furent condamnés à mourir dans le désert, avaient plus de vingt ans quand ils sortirent de l’Égypte ; c’étaient déjà des hommes, et ils savaient le mal qu’ils faisaient en se révoltant sans cesse contre le Seigneur et contre son serviteur Moïse. Le Seigneur continua à les faire voyager et changer de place dans le désert.