Grand’mère. Il va bien des choses que tu n’as pas encore vues, ma chère petite, et qui existent pourtant, mais plusieurs de tes cousins et cousines ont vu des sources d’eaux chaudes. Il y en a de fameuses dans les montagnes des Pyrénées, au midi de la France ; il y en a une très-renommée à Carlsbad, en Bohême : elle s’appelle le Sprudel ; elle est tellement bouillante qu’on y fait cuire des œufs, de la viande même.
Henriette. En êtes-vous bien sûre, Grand’mère ?
Grand’mère. Très-sûre, car j’ai vu de mes propres yeux des pauvres femmes qui faisaient cuire des œufs dans le Sprudel.
Élisabeth. Tu as l’air de ne pas croire ce que dit Grand’mère ; c’est très-mal.
Henriette. Pas du tout ; je crois tout ce que dit Grand’mère ; seulement, j’aime à avoir les preuves qu’elle me donne. Lorsque Grand’mère a vu elle-même, je crois bien plus solidement que lorsqu’on lui a dit.
Grand’mère, riant. Tu as bien raison, chère enfant, de vouloir croire solidement ; en croyant solidement, on fait mieux croire aux autres.
Une dernière preuve du feu qui est au centre de la terre, c’est la chaleur toujours croissante qu’on trouve en creusant la terre.
Louis. Est-ce qu’on a percé la terre jusqu’à l’autre côté ?
Grand’mère. Non, ce serait impossible, puisque la terre a environ trois mille deux cents lieues d’épaisseur, c’est-à-dire douze mille huit cents kilomètres ; il serait impossible de creuser jusqu’au milieu.
Valentine. Alors, comment sait-on qu’il y a du feu ?
Grand’mère. Parce qu’en creusant des puits pour avoir du charbon ou des métaux, comme le cuivre, l’argent, l’or, etc., à mesure que l’on creuse, la chaleur augmente : dans les mines d’or, d’argent, etc., il y a des puits qui ont jusqu’à un kilomètre (1000 mètres) de profondeur ; il y fait tellement chaud qu’on ne pourrait creuser plus loin sans étouffer.