« Que pouvions-nous faire ? dit Ruben. Cet homme nous accusait d’être des espions ; il nous interrogeait sur notre pays, sur vous, sur le nombre de vos enfants ; que pouvions-nous dire ? Pouvions-nous prévoir qu’il nous ordonnerait de lui amener Benjamin, et qu’il retiendrait Siméon pour le faire mourir si nous n’obéissions pas ? »
Jacob pleura, se lamenta et ne pouvait encore consentir à
laisser partir le dernier fils de Rachel. Pourtant, la provision de
blé s’épuisait et le temps se passait. Enfin, à force de supplications,
de promesses, ils obtinrent de Jacob qu’il leur confiât Benjamin
et ils se préparèrent au départ. Benjamin avait alors environ
trente ans.
XLII
SECOND VOYAGE EN ÉGYPTE DES FRÈRES DE JOSEPH
Jacob, voyant la nécessité de laisser partir Benjamin, se laissa aller à un grand désespoir. « Allez, leur dit-il, puisqu’il le faut ; je verserai des larmes jusqu’à votre retour, et, si vous ne me ramenez pas mon fils Benjamin, je mourrai et vous serez responsables de ma mort. Prenez l’or que vous avez rapporté ; prenez-en deux fois plus encore ; prenez les plus excellents fruits, les plus précieux parfums de notre pays, pour les donner en présent à cet homme qui gouverne l’Égypte. Prenez enfin votre frère et montrez-le-lui. Moi je resterai seul, sans enfants, et dans la désolation. »